Post più popolari

domenica 24 ottobre 2010

Vers une thérapie génique de la dépression ? - Fondamental - Sciences et Avenir

Vers une thérapie génique de la dépression ? - Fondamental - Sciences et Avenir


Vers une thérapie génique de la dépression ?
Une protéine qui influence fortement la dépression pourrait être utilisée pour traiter par thérapie génique cette pathologie. Des essais chez la souris ont été couronnés de succès.









plusieurs études ont montré le rôle de ces parties du cerveau, dont le noyau accumbens, dans les mécanismes de dépression et de récompense. Y. Hammond/C. Bickel/Science / © 2010 AAAS
Sera-t-il un jour possible de traiter les dépressions sévères à l’aide de la thérapie génique en rééquilibrant les niveaux de certaines protéines dans le cerveau ? Si personne ne détient à l’heure actuelle de réponse, la question peut raisonnablement être posée au vu des résultats d’une étude publiée cette semaine dans la revue Translational Medicine. Elle décrit comment les chercheurs de l'université Cornell, aux Etats-Unis, ont réussi à atténuer le comportement dépressif de souris en utilisant la thérapie génique pour accroître le taux de protéine p11 dans une région précise du cerveau appelée le noyau accumbens.

Une protéine clé dans la dépression

Des études antérieures laissaient déjà entrevoir le rôle de p11 comme un élément responsable de la dépression notamment en raison de son action sur le taux de sérotonine, neuromédiateur impliqué dans la régulation de l’humeur. Dans leur expérience, les chercheurs ont inactivé le gène p11 dans le noyau accumbens de souris adultes et observé que les animaux présentaient alors un comportement déprimé. Ce comportement a pu être évalué en mettant les souris dans une situation stressante comme de les suspendre par la queue ou les forcer à nager pour tester leur motivation, des mesures standard de la dépression chez les rongeurs.

Puis l'équipe a eu recours à la thérapie génique pour introduire le gène p11 dans le noyau accumbens et restaurer l'expression de la protéine chez les souris. La technique a complètement corrigé le comportement dépressif chez ces animaux qui sont devenus identiques aux souris normales. Dans la plupart des travaux de thérapie génique, une molécule appelée vecteur est utilisée pour apporter un gène « actif » dans les cellules des patients. Ces vecteurs sont typiquement dérivés de virus qui ont été génétiquement modifiés pour porter de l'ADN humain. De nombreux essais de thérapie génique sont actuellement en cours mais ils visent principalement des maladies génétiques.

Une application humaine possible ?

Ces résultats peuvent-ils avoir une pertinence pour l'homme ? Les chercheurs ont abordé la question en examinant les tissus cérébraux d'un groupe de patients décédés. La moitié d'entre eux étaient atteints de dépression, les autres non. L'équipe a découvert que les niveaux de p11 dans le noyau accumbens chez les premiers étaient nettement plus faibles que chez les seconds. Mais comme le nuance Annie Daszuta, chercheur en neurosciences (IBDML, Marseille) : « L’étude de la neurobiologie de la dépression se développe énormément compte tenu des difficultés de traitement de cette pathologie et de sa fréquence en augmentation dans la population. Mais c’est une maladie extrêmement complexe qui se traduit par de nombreux symptômes très différents. Cette protéine P11 semble jouer un rôle clé même si sa spécificité n’est pas évidente. »

Un autre frein à une application humaine potentielle de cette méthode tient à la technique de la thérapie génique. Elle nécessite en effet un vecteur qui permette d’introduire le gène « médicament » dans la cellule, or ces vecteurs sont à manier avec précaution car ils sont composés de matériels viraux ou rétroviraux. De plus, s’ils sont efficients pour les modèles animaux nombreux se sont avérés inefficaces chez l’Homme en raison de la complexité des mécanismes d’expression génétique existants dans les cellules humaines. Il convient donc de rester prudent quant aux potentialités de cette méthode. « La p11 est-elle une cible prometteuse ? Peut-être ! » conclut Annie Daszuta.

Joël Ignasse
Sciences et Avenir.fr
22/10/2010